Texte sur l’intervention ARC de « Le Transfo » du 22 janvier 2016
ARC janvier 2016
Comme vous l’aurez remarqué nous sommes nombreux. Mais Culture à l’Hôpital au sein du Mas Careiron, c’est vraiment une affaire collective.
Pour en témoigner, comme à notre habitude, nous vous proposons un montage de phrases notées au vol de notre réflexion commune.
– Il faudrait pouvoir montrer à quel point le monde de l’art et de la culture est important pour le soin…cette imbrication des deux.
On le vit ça au Transfo, on le porte, ça nous porte, c’est pas du luxe, il faut le défendre !
– Ce genre de projet nous agrandit.
– Uzès-Danse nous déniche les artistes, et avec chacun d’entre eux : c’est parti pour 4ans ! – Tous ces artistes qui nous embarquent dans leurs trucs improbables, qui nous emmènent dans leur univers !
– On les emmènent dans le nôtre aussi, il est pas triste non plus !
– Initiation réciproque pour tout le monde !
– L’artiste apprend beaucoup de nous et nous de lui. On n’est pas artiste, on crée quand même avec eux. Ca répond vite. Il n’y a pas d’enjeu ; On se fait confiance.
– Quel travail à chaque fois. Une sacrée complicité. Le matin quand je me réveille, je pense à Ghislaine, je pense à mes genoux, je me mets d’aplomb
– Pendant les stages, tout ce que l’on explore, c’est toujours accueilli dans un cadre artistique. Au point que ça devient naturel de tenter des trucs loufoques !
– Forcément, c’est un lieu où l’on peut s’essayer. Pas de jugement. Au pire, c’est plat, mais c’est jamais raté
– Ca décoince en confiance. Depuis, j’ai moins de gêne à l’extérieur et plus de liberté avec les autres. Oser, même dans la vie. Prendre d’autres limites. Un frein est parti.
– Ghislaine encourageait. L’ambiance créée par chacun, nous rend plus sensible. On se laisse surprendre, par soi, par les autres.
– Et c’est quand même pas tous les jours dans la vie qu’on se surprend et que l’autre nous surprend !
– Ce genre d’aventure ouvre les portes. Ça donne envie de s’éveiller à d’autres choses.
-Ca donne envie de se lever le matin déjà !
– Ca nous met debout.
– C’est une façon de se réapproprier !
– Se réapproprier ?!
– Ben oui ! Soi-même, le corps, le monde ? De se réhabiter, se ressaisir Quoi !
– C’est ça, On peut prendre corps.
– C’est comme avec le Parcours du spectateur ; quand on va voir une pièce de théâtre, on entre par les coulisses. Les artistes nous présentent leur travail ; après on se sent plus proche.
– On est pas tous d’accord ensuite, on en discute sérieux. D’être nourri de la parole de l’autre, ça nous emmène ailleurs. On bouge nos à-priori. On s’enrichi la tête avec tous ces avis !
– Même quand on a pas aimé, on se dit que quand on voit le meilleurs de la culture, on va plus loin que le plafond !
– Quand j’en parle, on me dit que j’ai de la chance, qu’on me voit transformé. Je n’étais jamais allé dans un théâtre, je ne suis jamais autant sorti qu’avec le Transfo.
– La culture, ça se cultive, avec ou sans engrais
– l’engrais c’est la rencontre.
– Et ça se vit.
– On est toujours spectateur et acteur au transfo, on navigue toujours de l’un à l’autre.
– Et l’aventure se termine toujours par une création commune, rappelez-vous la dernière ; « le cœur du son » ça s’appelait…
– Y’avait Ghislaine à la choré et Maguelonne au mixage des sons de nos cœurs. On l’a donné dans le cadre du festival d’Uzès-Danse : une réussite !
– C’était gonflé !
– Une fierté.
– Un dépassement.
– Ghislaine nous a dit qu’elles avaient pensé au départ, changer leur pièce pour nous mais que finalement, c’est nous qui avons changé la pièce !
– …Et que maintenant, elles ne la représentent plus autrement !
– Il nous les aura vraiment fallu ces quatre ans pour oser ça!
– Ca n’a même pas été difficile à la fin ! on avait atteint un tel niveau de concentration qu’on était indeboussolable
– Oui mais quel trac quand même
– Quel troc ! On s’est tous vraiment donné ! Autant Ghis et Maguelonne, que nous !
– Et dans les yeux du public à la fin, là j’ai su que ça avait donné. Et autrement que dans cette condescendance un peu mièvre qu’on entend parfois…
– C’est le moment de dire que ça change la donne !
– Ça change les regards,oui, ça remet en cause bien des idées reçues , ça soigne même la folie sociale, celle qui trie, classe et juge.
– La maladie c’est de ne plus créer, être en panne. C’est avoir la tête vide ou trop pleine, et plus de verbal.
– Culture à l’hôpital est une bouffée d’oxygène. Une fenêtre. Ça sort de l’enfermement.
– Et même de son propre enferment parfois.Il faut dire ce que ça représente quand on est hospitalisé, quand on n’a d’autre horizon qu’ une télé et ses sombres idées.
– Mais il s’agit plus que d’une occupation. Pour moi, la culture et la création, c’est ce qui nous différencie de l’animal. Ça fait partie intrinsèque de l’être humain. Sans culture, on ne respecte plus l’humain. On n’est plus personne.Et le traitement risque d’être inhumain.
– Quand on est malade, la possibilité de créer avec des artistes nous rappelle a nous même, au monde sensible et aux autres,
– La culture, c’est du terreau !
– Ça rend vivant, ça aide à recevoir les soins. C’est une condition nécessaire.
– La culture ça participe du soin.
– ça les potentialise !
– La culture, c’est ce qui fait lien, et sans culture, sa coupe les ponts, c’est dangereux,
– C’est pourquoi l’accueil de la culture et de la création dans toutes les institutions, partout, ça a une valeur éthique, ça a des effets sur le thérapeutique, la dignité…bref, la citoyenneté.
– LA CULTURE, CA FAIT LIEN OUI , et par les temps qui courent ON EN A BIEN BESOIN. !